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Philippe d’Ornano : « Si l’on veut plus d’ETI, il faut que la France soit plus compétitive » 

Sources – Article paru dans Les echos – de Marion Kindermans – 21/11/2023

Alors qu’Emmanuel Macron annonce ce mardi un nouveau plan pour faire grandir les PME, le mouvement des entreprises de taille intermédiaire plaide pour une accélération de l’allègement de la fiscalité de production. Philippe d’Ornano, président-directeur général de Sisley et coprésident du Mouvement des entreprises de taille intermédiaire, s’inquiète de « mesures en germe dans le projet de loi de finances ».

Le plan ETIncelles succède à la stratégie Nation ETI lancée en 2020. Les choses ont-elles bougé depuis ?

Oui et il faut saluer les mesures prises déjà depuis sept ans. L’approche vis-à-vis des entreprises en général et des ETI en particulier s’est inversée, avec un réalignement compétitif par rapport à notre environnement européen, voire mondial. L’allègement du coût du travail, la baisse de l’impôt sur les sociétés, la réforme de la fiscalité du capital ou la diminution des impôts de production ont été efficaces.

La stratégie Nation ETI, lancée en janvier 2020, a initié une baisse des impôts de production avec des effets très concrets. Les « ambassadeurs aux ETI », représentant, d’une part, l’administration et, d’autre part, les entreprises, ont fait bouger les lignes et ont créé des liens très utiles. A la sortie de la crise Covid, de janvier à juin 2021, les ETI ont créé 50.000 emplois nets, du jamais-vu depuis 2009.

Elles ont augmenté leurs investissements de plus de 60 % entre 2019 et 2021. Elles sont aujourd’hui clés dans la réindustrialisation de la France. Cette politique de soutien a porté ses fruits : elles étaient 4.700 en 2008, elles sont 5.600 aujourd’hui. Mais on a la conviction qu’on pourrait aller plus vite. Leur nombre reste bien supérieur en Allemagne ou en Italie.

L’objectif de l’exécutif est d’accompagner des PME à grossir en ETI. Quels sont les freins ?

La difficulté de la transmission est une des grandes raisons de l’affaiblissement du tissu. Il faut en moyenne vingt et un ans pour qu’une PME parvienne à la taille d’une ETI, c’est-à-dire 250 salariés ou 50 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il lui faut donc, pendant toutes ces années, investir sans discontinuer.

Le coût de la transmission – 2,5 fois plus cher en France qu’en Europe – les pousse à se vendre, et bien souvent à des acquéreurs étrangers. Malgré le pacte Dutreil, qui a facilité le processus, on transmet moins qu’en Allemagne. Or, une ETI sur deux va se transmettre dans les sept prochaines années. En fait, les PME sont protégées au début par les seuils puis, dès qu’elles grossissent, elles se prennent de plein fouet l’écosystème français. Et pourtant nous avons des nombreux atouts dans notre pays.

Pourquoi le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (Meti) a-t-il critiqué l’étalement sur quatre ans de la nouvelle baisse des impôts de production, plutôt qu’en une seule fois sur 2024 ?

Si l’on veut plus d’ETI, il faut que la France soit plus compétitive. Or, malgré les avancées, les entreprises françaises restent surtaxées de 80 milliards de plus que leurs concurrents. Selon nous, il ne faut pas ralentir, il faut au contraire accélérer ce réalignement sur l’écosystème européen. Des éléments continuent à nous pénaliser : le coût du travail qualitatif trop élevé et la fiscalité de production, qui reste le double de la moyenne européenne. Par ailleurs, la conjoncture est difficile.

Dans ce contexte, quel est l’état d’esprit des dirigeants des ETI ?

Les dirigeants sont inquiets. Nous subissons une série de chocs. Les hausses de coût de production continuent, que ce soit les matières premières, l’énergie – qui est loin d’être résolue – ou la masse salariale. Le deuxième choc concerne la transformation, notamment environnementale, très coûteuse pour les ETI, tout comme la complexité normative, et l’arrivée de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), le reporting extra-financier. Et certaines mesures en germe dans le projet de loi de finances ne les rassurent pas.

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