
IA et Fonction Finance : une promesse encore à apprivoiser
Par Damien Riso – 24/03/2025
L’intelligence artificielle occupe une place croissante dans les réflexions stratégiques des directions financières. Mais à en croire les résultats du Baromètre des DAF* 2025 – et les retours du terrain – son adoption concrète reste à un stade intermédiaire.
À l’occasion d’un webinar dédié, Thierry ARTAUD, le Directeur Administratif et Financier de Saint-Gobain Nordique et Baltiques a livré son regard sans filtre sur l’état réel de la transformation en cours.
UNE TECHNOLOGIE QUI SÉDUIT, MAIS QUI INTERROGE
Selon le Baromètre 2025, les domaines où l’IA est le plus envisagée par les DAF sont :
- L’automatisation des rapports et documents financiers,
- Le support aux analyses financières et prévisionnelles,
- L’aide à la conformité et à l’analyse réglementaire.
Mais malgré cet intérêt affiché, seuls 39 % des DAF estiment aujourd’hui que l’IA est réellement utile dans leur fonction.
“L’IA nous interpelle tous. On sent bien qu’elle peut bouleverser nos pratiques, mais entre l’envie et la mise en œuvre, il y a encore un vrai décalage”, confie le DAF de Saint-Gobain Europe du Nord.
DES USAGES PROMETTEURS… MAIS ENCORE LIMITÉS
Concrètement, les projets d’intégration de l’IA en finance se concentrent aujourd’hui sur des tâches répétitives et automatisables. Le témoin du webinar précise :
“Nous avons commencé à tester l’IA sur des modules de reporting automatisé, notamment pour la détection d’anomalies et le pilotage mensuel. C’est utile, mais on reste loin d’une révolution. Il faut beaucoup de paramétrage, et les données doivent être d’une qualité irréprochable.”
“L’autre enjeu, c’est la capacité à faire confiance à un algorithme pour produire une analyse financière. Or la finance reste un métier de prudence. Il faut que le jugement humain garde toute sa place.”
COMPÉTENCES, ACCULTURATION ET GOUVERNANCE EN LIGNE DE MIRE
Plus encore que la technologie elle-même, c’est la préparation des équipes et la gouvernance des projets IA qui freinent les avancées.
“L’IA demande un changement de posture : on passe d’un métier de contrôle à un métier de paramétrage. Ce n’est pas évident pour tous les profils. Il faut accompagner, former, rassurer. Sinon, ça reste une boîte noire.”
“Chez nous, nous avons choisi de ne pas aller trop vite. On expérimente, mais dans un cadre clair. L’objectif, ce n’est pas d’aller plus vite que la musique, mais de déployer des solutions vraiment utiles, vraiment maîtrisées.”
UN POTENTIEL STRATÉGIQUE… MAIS PAS UN EFFET DE MODE
Pour le DAF de Saint-Gobain Europe du Nord, il ne s’agit pas de minimiser le potentiel de l’IA, bien au contraire. Mais il invite à un regard lucide sur les conditions nécessaires à sa réussite.
“L’IA ne doit pas être un gadget. Il faut qu’elle réponde à des cas d’usage réels, qu’elle s’inscrive dans un projet de simplification plus global. L’outil ne fait pas tout.”
“Je préfère une IA bien cadrée, qui automatise des tâches simples, qu’un projet trop ambitieux qui échoue faute d’adhésion. Le facteur humain reste déterminant.”
DE L’EXPÉRIMENTATION À LA MATURITÉ
Ce focus IA du Baromètre des DAF 2025 révèle un paradoxe : une technologie perçue comme incontournable, mais encore peu intégrée dans les pratiques quotidiennes.
Pour avancer, les directions financières devront conjuguer vision stratégique, acculturation progressive et déploiements pragmatiques.
“L’IA, c’est un chemin. On n’en est qu’au début. Mais si on sait où l’on va, si on reste exigeants sur la qualité des données, et si on embarque les équipes, alors oui, elle peut devenir un levier formidable pour la finance de demain.”
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