
Par Amélie Laurin – lesEchos.fr – le 05 juin 2025
EDF : le plan choc du nouveau PDG pour réduire les coûts
Bernard Fontana est décidément fidèle à sa réputation de « cost killer ». Arrivé il y a un mois à peine à la tête d’EDF, le nouveau PDG a d’ores et déjà annoncé, lors d’une réunion avec les principaux cadres de l’entreprise, sa volonté de réduire les frais généraux d’un milliard d’euros, soit une baisse de 30 %, ont appris « Les Echos » de sources concordantes.
Cet objectif d’économies annuelles doit être atteint progressivement, d’ici à 2030. Il illustre la volonté de Bernard Fontana d’optimiser le fonctionnement du groupe, qui n’a pas connu de tel plan depuis 2020, sous l’ère Jean-Bernard Lévy.
« EDF dispose d’une marge de manoeuvre interne consistant à augmenter son efficacité opérationnelle », déclarait-il le mois dernier aux « Echos ». EDF ne fait pas de commentaires.
« Ligne rouge » des salaires
La chasse aux coûts vise les charges d’exploitation, qui regroupent les baux immobiliers, les frais de déplacement ou encore les dépenses informatiques. Mais Bernard Fontana n’a pas détaillé pour le moment les postes de dépenses visés, ni comment il va calibrer l’effort.
L’an dernier, EDF a consacré 3,6 milliards d’euros à ses charges d’exploitation (hors amortissements et provisions). Ce poste comptable très large inclut aussi les coûts relatifs aux certificats d’économies d’énergie (CEE), les redevances des concessions hydrauliques et les compléments de rémunération versés aux producteurs d’énergies renouvelables.
Selon plusieurs sources, le plan d’économies ne vise pas les charges de personnel, qui ont atteint l’an dernier 16,9 milliards d’euros.
« Nous ne savons pas quelles entités sont visées par une baisse des coûts. Au-delà de l’effet d’annonce, nous voulons savoir quelle est la feuille de route de Bernard Fontana pour EDF », réagit Gwénaël Plagne, élu CGT et secrétaire du CSE central d’EDF.
« Il faut laisser sa chance à l’homme, même s’il ne nous a pas échappé qu’il a gelé les salaires à son arrivée chez Framatome [en 2015, NDLR]. Une telle mesure chez EDF constituerait une ligne rouge pour nous », déclare de son côté Thierry Deleuze, représentant CFE Energies au CSE central.
Restructuration de Framatome
Bernard Fontana a rendez-vous prochainement avec les élus du personnel, pour une première rencontre. Il est attendu au tournant par le corps social d’EDF, après l’éviction de son prédécesseur Luc Rémont.
Ce dernier était certes en conflit avec l’Etat actionnaire, sur le coût et le financement des futurs réacteurs nucléaires EPR2 et sur le prix de l’électricité pour les industriels, mais il était aussi très apprécié par les salariés de l’entreprise.
Chez Framatome, qu’il a dirigé durant dix ans, Bernard Fontana a réussi à fédérer les équipes autour d’un plan de restructuration drastique, visant à sauver l’ex-Areva NP, en grande difficulté.
Chez EDF, la situation est différente, après un bénéfice record de 11,4 milliards d’euros en 2024. Néanmoins, la baisse des prix de l’électricité va peser sur les résultats de la société cette année.
Elle est aussi lestée d’une dette de 54 milliards d’euros, alors que se profilent des investissements colossaux : les EPR2, la prolongation de la durée de vie des centrales, mais aussi la poursuite du chantier des réacteurs d’Hinkley Point C au Royaume-Uni.
Pour optimiser la gestion du bilan, Bernard Fontana n’exclut pas des cessions d’actifs, comme il l’a expliqué aux parlementaires fin avril. Il devra au préalable trouver un nouveau directeur financier, après l’annonce du départ de Xavier Girre chez Suez.