Les résultats du Baromètre des DAF* 2025, dévoilés lors d’un webinar organisé par ABV Group, dessinent un cap stratégique clair pour les entreprises françaises. Après des années marquées par l’urgence et la gestion de crise, les priorités évoluent : croissance, rigueur et performance opérationnelle dominent les intentions pour l’année à venir.

Thierry ARTAUD, le Directeur Administratif et Financier de Saint-Gobain Nordique et Baltiques, invité de cette édition, a livré un témoignage lucide et pragmatique sur ces tendances.

UNE CROISSANCE PLUS SÉLECTIVE, PLUS RAISONNÉE

En tête des priorités 2025, la croissance du chiffre d’affaires revient avec force. Mais pas à n’importe quel prix. Les entreprises veulent croître, mais de manière structurée et maîtrisée.

On sent clairement un attentisme lié aux incertitudes géopolitiques dans les discours stratégiques. On parle de rentabilité, de marges, de ciblage.

LA MAÎTRISE DES COÛTS : UN IMPÉRATIF TOUJOURS
AUSSI PRÉSENT

Deuxième priorité : la maîtrise des coûts, toujours centrale dans un contexte de tension sur les matières premières, les salaires et les charges fixes. 

La pression sur les coûts ne faiblit pas. Le sujet est permanent. Il ne s’agit pas de réduire pour réduire, mais d’allouer intelligemment. On passe d’une logique d’économies à une logique d’investissement pertinent.

Un euro mal dépensé est une opportunité perdue. En tant que DAF, notre rôle est d’aider à faire des choix éclairés, pas de bloquer les projets.

L’EFFICACITÉ OPÉRATIONNELLE AU CŒUR DES PRÉOCCUPATIONS

La troisième priorité dégagée par le Baromètre des DAF, c’est l’amélioration de la performance opérationnelle. Les entreprises veulent aller plus vite, avec moins de complexité, tout en gagnant en robustesse.

On est clairement entrés dans une phase d’optimisation intelligente. Ce n’est plus seulement du lean ou du cost killing : c’est repenser les chaînes de valeur, les outils, les process, avec un regard neuf.

Chez nous, par exemple, on investit dans la simplification IT et dans l’automatisation de certains processus. Ça libère du temps pour les équipes et ça sécurise les données. L’opérationnel devient un levier stratégique.

UNE QUÊTE D’ÉQUILIBRE ENTRE PERFORMANCE IMMÉDIATE ET RÉSILIENCE LONG TERME

Ces trois priorités – croissance, coûts, efficacité – ne sont pas nouvelles, mais leur articulation évolue.

Ce que je constate, c’est qu’il y a moins de court-termisme qu’avant. Même sous pression, les entreprises réfléchissent à leur capacité à durer, à se transformer. Il y a une maturité qui s’installe.

Les dirigeants avec lesquels je travaille cherchent à équilibrer résultats à court terme et alignement stratégique à long terme. On n’oppose plus la rentabilité et l’investissement, on les combine. 

La Fonction Finance est l’épine dorsale dans le Groupe Saint Gobain.

DES PRIORITÉS CLAIRES, MAIS UNE MISE EN ŒUVRE EXIGEANTE

Le Baromètre 2025 montre que les entreprises françaises ne sont pas dans l’attentisme. Elles fixent des objectifs concrets, cohérents et ambitieux. Mais leur réalisation dépendra de leur capacité à mobiliser les bons moyens, au bon moment, dans un environnement encore instable.

Fixer une stratégie, c’est une chose. La mettre en œuvre, c’est là que tout se joue. C’est pourquoi les directions financières ont un rôle central : elles structurent, elles alertent, elles arbitrent. 

En 2025, je pense que la clé sera dans l’exécution. Il y a peu de place pour l’improvisation. Chaque décision devra être pilotée avec finesse et lucidité.